Félicitations à Danielle-Anne Lemay pour la publication de sa très touchante nouvelle « Toucher la nuit » dans le numéro 175 de la revue Mœbius ayant pour le thème: « Écrire l’histoire jusqu’au bout est un acte d’amour ». Cette nouvelle a été choisie parmi les cinq meilleurs textes de l’année par un jury. C’est maintenant au public d’aller voter pour leur texte préféré. Je vous incite à vous rendre sur le site (https://www.revuemoebius.com/nouvelles/prix-du-public-moebius-2022) pour lire les plus beaux textes de Mœbius durant 2022 et voter pour celui qui vous plaît le plus. Personnellement, j’encourage Danielle-Anne Lemay qui démontre un talent exceptionnel.

Sur le site, on présente sa nouvelle ainsi: «Toucher la nuit» porte bien son titre: dans ce récit sensible, la dimension sensorielle de l’expérience est centrale. Tout y est tactile, incarné, et ce dans une perspective que l’on est peu habitué·e·s à rencontrer en littérature, celle d’une femme âgée atteinte de la démence à corps de Lewy qui prend la décision de recourir à la mort assistée. Danielle-Anne Lemay évite tous les pièges stéréotypés du pathos ou du paternalisme lorsqu’elle raconte de manière aussi assumée que pudique la dernière nuit de Mylène, qu’elle partage avec son partenaire, François. Déjouant les scénarios misérabilistes, elle donne à sa protagoniste une peau que l’on sent frémir dans le déroulé de l’écriture. Ainsi l’esprit de Mylène est traversé de souvenirs (on est frappé·e·s par la texture authentique que leur donne l’autrice), mais son corps est lui aussi parcouru par le plaisir. Nous rappeler ce que l’on oublie trop souvent, à savoir que le corps vieillissant n’en est pas moins un corps vivant, désirant, est l’une des forces de ce récit en prose dont l’imagerie poétique est travaillée avec autant de soin que le sont les enjeux de représentation.